Rien ne vaut "l'expérience nature"... sans tambour ni trompette.
Tous champions (du monde)
A force de vouloir promouvoir leur sport, les fédérations multiplient les disciplines ainsi que les catégories. Prenez la course à pied : il y a les traditionnelles courses sur piste, sur route, en cross-country et en montagne. Puis on a créé des catégories Masters par tranche de 5 ans, des U23, etc. Et que fait-on en course de montagne en 2022 ? On organise 3 courses aux Championnats d’Europe (un format court, un plus long et un trail) le même week-end ! Concrètement, cela signifie 3 titrés et 9 médaillés en individuel. Il devrait y avoir une seule épreuve couronnant le meilleur. Aujourd’hui tout est dilué, tous les athlètes ou presque sont médaillés ici ou là et plus personne ne comprend quoi que ce soit aux classements… Cela donne une place privilégiée à quelques imposteurs qui se font passer pour des champions auprès des journalistes et du grand-public qui n’y voient que du feu.
J’ai fêté des titres et des médailles à tous les types de championnats lorsqu’il y avait une épreuve par championnat et non trois.
Bientôt sous les 2h20 à Sierre-Zinal ?
Originaire d’Ayer dans le Val d’Anniviers, j’ai couru pour la première fois Sierre-Zinal à 8 ans en 4h35. Avant d’avoir fêter mes 13 ans je courrai en 3h24 en m’entraînant 2 à 3 fois par semaine avec les jeunes du club. Plus de 20 ans plus tard, entre 2003 et 2005, j’ai retrouvé cette compétition en terminant à chaque fois dans le top 5 en scratch sans préparation particulière (mes objectifs étaient alors les championnats, des épreuves de 50 à 60 min). Lors de mes meilleures années sportives jusqu’en 2010, j’ai renoncé à Sierre-Zinal et à la possibilité d’y accrocher une possible victoire. La raison ? Le manque de contrôles antidopage alors que des anomalies tout à fait extraordinaires dans les résultats indiquaient que certains prenaient des potions magiques pour y trouver de la lumière : on a même vu un coureur régional habituellement loin des meilleurs annonçant sa victoire à l’avance ! Mais cette année, Sierre-Zinal est entrée dans une nouvelle dimension : au-delà d’une grosse médiatisation à l’étranger ainsi qu’auprès des instances sportives (y compris sur le site de l’IIAF en headline le 14 août !) la course a accueilli pour la première fois plusieurs Kenyans de haut niveau au départ. Résultat : victoires kenyanes aussi bien chez les hommes que les femmes. Si Kilian Jornet a un jour réalisé 2h25 sur ce parcours et César Costa, que j’ai toujours nettement précédé sur tous les types de terrains (en plus de 20 « confrontations directes ») a fait 2h31, les meilleurs africains valent largement sous les 2h20 avec une préparation identique tant ils leur sont supérieurs. Ceux qui sont venus à Thyon-Dixence ont déjà montré ce dont ils sont capables. Il y a des centaines de Kenyans qui sont nettement plus rapides que Jornet sur toutes les distances du demi-fond au marathon et sur tous les types de terrain (piste, route, nature à travers champs/cross-country). Tout autant d’Ethiopiens. Sans parler de tous les autres coureurs d’Afrique, d’Asie, du continent américain et même d’Europe qui privilégient la piste pour le prestige et la route pour gagner leur vie. J’espère que certains d’entre eux cibleront Sierre-Zinal parmi leurs objectifs dans le futur.
Un plaisir intact à pratiquer du sport au quotidien
J’aime la nature et j’aime me dépenser. Avec ma société Focus Performance SA je garde le contact avec le sport d’élite. En revanche, je ne vais pas voir des courses, suivant mes envies et privilégiant d’autres activités pendant mon temps libre. Je pratique même plus de sport que pendant mes années de compétition car j’ai désormais plus de temps à disposition. La passion pour l’effort ne s’est jamais éteinte, au contraire elle se renouvelle sans cesse. Pas besoin de participer à des compétitions ou d’aller les regarder pour cela. J’aimais me défouler enfant, j’apprécie la dépense physique cinq décennies plus tard… comme au premier jour !