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sebastienepiney

L'alimentation est-elle une des clés de la performance ?


Quand on dépense beaucoup d'énergie, on doit bien manger pour recharger les batteries...


Manges-tu beaucoup ?

Oui, je mange nettement plus que la moyenne des gens... Plus je m'entraîne et plus je dois manger : la corrélation est évidente sans que je ne puisse la mesurer de manière très précise. L'énergie dépensée par l'accomplissement des obligations professionnelles quotidiennes renforce encore mon appétit.


As-tu adapté l'alimentation avec la compétition ?

Pendant très longtemps je me nourrissais au gré des envies. Très gourmand, j'ai toujours eu une affinité particulière pour les desserts et le chocolat en négligeant les légumes : il faut dire je ne supporte pas le goût d'une partie d'entre eux (poivron, fenouil, betterave, céleri, concombre, aubergine, navet, etc.) que je ne peux pas avaler. En travaillant à plein temps et en vivant longtemps comme célibataire sans envie de cuisiner, j'ai parcouru les années en me nourrissant assez mal. Ce n'est qu'en revenant à la compétition, à 35 ans, que j'ai commencé à faire un peu plus attention : diminution des abus de desserts, prise en considération de la règle des 5 portions de fruits et légumes par jour.


C'est tout ? Pas de régime pendant les années de compétition ?

Non, j'ai traversé toutes les années de compétition comme cela et les années d'après également. Depuis que je vis en couple avec Béatrice, soit depuis ma dernière année de compétition en 2009, je mange toutefois plus sainement : elle mange de manière très équilibrée et j'en profite pleinement! Elle me prépare des portions de féculents supplémentaires pour me rassasier car mon appétit, selon mon engagement professionnel et les entraînements, est souvent gargantuesque!


Les sportifs peuvent souffrir de douleurs gastro-intestinales notamment pendant l'effort total ...

Aïe, là on retourne le couteau dans la plaie! Cela m'a souvent handicapé dans les compétitions sans que j'en comprenne les causes. Souffrant de ballonnements fréquents ces dernières années dans la vie de tous les jours, j'ai pris en 2020 la décision d'aller consulter une nutritionniste. Et, pour la première fois, j'ai adapté mon alimentation de manière significative: diminution drastique des protéines animales et du sucre, davantage de fruits et légumes, céréales complètes et légumineuses en plus grande quantité, remplacement du lait de vache par du lait de brebis, pain sans gluten, moins de vin blanc. J'ai donc adapté ma façon de me nourrir en 2020.


Comment vis-tu ces nouvelles expériences dans la façon de te nourrir ?

Je reconnais volontiers que j'ai largement sous-estimé l'importance d'une alimentation saine et équilibrée pendant toute ma carrière. Après quelques mois d'adaptation dans la façon de me nourrir, j'ai vu de nettes différences : les ballonnements ont disparu, j'ai perdu 2 kgs (sur les 4-5 kgs pris depuis 2009) et je ne ressens plus de soucis gastro-intestinaux au quotidien. Il y a probablement eu un impact sur ma condition physique qui peut aussi être imputable à la baisse du stress professionnel après 20 ans d'engagement total de ce côté-là. En revanche, je mange toujours autant (mais qualitativement mieux!) et vais toujours plusieurs fois par jour à selles.


Des choses t'ont surprises dans la façon dont les autres compétiteurs se nourrissent?

Il est très difficile de se prononcer là-dessus lorsqu'on ne vit pas au quotidien avec d'autres personnes! Cependant, lorsque nous partions à des championnats d'Europe ou du Monde en partageant les repas avec des collègues de l'équipe nationale pendant plusieurs jours d'affilée, un comportement choquait : il y en avait toujours au minimum un(e) dans le lot qui mangeait très très peu (par exemple une salade avec un mini plat de pâtes), grosso modo 3-4x de moins que moi ! Je passe au moins une bonne demi-heure à table 3x par jour pour amener à mon corps les apports nutritionnels dont il a besoin.


Vous en parliez entre compétiteurs?

Oui. Ceux qui ne mangeaient pas prétendaient grignoter des barres entre les repas. Entre compétiteurs plutôt gros mangeurs, on en parlait souvent... ce d'autant plus que ceux qui mangeaient très peu enchaînaient les courses et étaient ceux qui s'entraînaient le plus! On en déduisait, à tort peut-être mais sûrement à raison, que ces gens-là recouraient à d'autres méthodes pour s'alimenter. Sûrement par perfusion. Les concernés restaient évasifs sur ce point.


Des conseils pour terminer ?

Ne faites pas comme moi pendant toutes ces années! Tout le monde sait que l'on devrait manger de manière équilibrée, mais qui le fait vraiment? J'ai traîné des troubles digestifs et des douleurs à l'effort intense pendant des années sans essayer de les traiter : une vraie bêtise! Comme 70% des bactéries sont concentrées dans l'appareil digestif, il est important de le soigner en privilégiant les fibres, les fruits et les légumes. Au moindre problème, je conseillerais d'aller consulter un nutritionniste qui saura vous conseiller de manière efficace. En parallèle, n'oubliez pas de vivre: une soirée un peu arrosée ou la prise d'un ultra calorique dessert de temps en temps font du bien à la tête. Et soyez assez forts pour ne pas vous laisser trop perturber par les glorieux qui vont se faire perfuser discrètement!








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